Reprenons notre petite enquête internet:
« …Deux jours plus tard, au même endroit, une autre militante nous a fixé un rendez-vous. Réfléchie, posée, sans signe vestimentaire marqué, cette étudiante grecque passe inaperçue au milieu des groupes de jeunes en noir et de punks à chiens. Elle participe à des revues, des groupes de réflexion et des manifs. Elle s’étonne de l’importance que les juges étrangers accordent au “voyage en Grèce” . “Pendant une manif, un Italien a été blessé. Il ne voulait surtout pas que cela se sache : il craignait que les services de renseignement italiens apprennent sa présence à Athènes.”
En Italie, mais aussi en France, les services secrets accordent une attention particulière aux jeunes anars passés par la Grèce ou en lien avec des activistes grecs. Devant les tribunaux, ces liens sont présentés comme des éléments à charge. A Paris, Jérôme(1), militant anticapitaliste de 30 ans interrogé par la police dans une affaire de dégradation, s’étonne lui aussi de cette chasse aux amis des Grecs. Derrière l’épouvantail des filières grecques et des camps d’entraînement à la guérilla urbaine, il diagnostique surtout “la construction policière d’un ennemi intérieur”. “Ces dernières années, je suis allé aux Etats-Unis, en Allemagne, en Belgique, en Suisse, dans plein de pays. Mais dès qu’on met le pied en Grèce, la police isole ce voyage des autres pour le considérer comme une particularité dangereuse… »
« A Paris, Léo (1), un autonome de 26 ans, raconte ses trois voyages en Grèce. Ce jeune homme calme à l’allure ordinaire, jean, pull-over, milite dans l’aide aux migrants. Depuis 2009, il est parti trois fois en Grèce en “vacances militantes” pour rencontrer d’autres autonomes en lutte contre les centres de rétention pour étrangers. Mais dans les squats d’Athènes, on ne l’a pas accueilli à bras ouverts. »
“Ils avaient l’habitude de voir des Français et estimaient que certains venaient un peu en touristes : ils faisaient la teuf sans respecter ceux qui dormaient, ne lavaient pas leur vaisselle. Comme j’étais tout seul, ils ont quand même accepté de m’héberger mais ils étaient assez froids.”
« Mathilde (1), jeune anarchiste française de 25 ans, fait partie de ces jeunes que France Info soupçonnait de venir apprendre en Grèce la guérilla urbaine. Depuis 2007, elle passe plusieurs semaines par an dans le pays, attirée par l’ambiance politique qui y règne. Elle participe à des manifs quand il y en a, s’insère dans des groupes, traîne dans les bars, lit des livres et vit ainsi en Grèce une partie de l’année. Au départ de Paris, elle multiplie les précautions pour ne pas attirer l’attention de la police : elle paie en liquide ses billets d’avion et décolle si elle peut d’un pays voisin. Dans un café d’Exarchia, elle nous présente ses amis révolutionnaires grecs… »
Source: http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/77684/date/2012-02-07/article/la-police-lultragauche-et-lepouvantail-grec/?tx_ttnews%5BsViewPointer%5D=1&cHash=dbce4d72ee60b27b153d0f8f53429cba
Un « tourisme » bien organisé pour lequel des anarchos de tout pays s’organisent de façon à faire venir en Grèce des recrues étrangères:
« Activistes confirmés [des anars espagnols], ils préviennent les moins expérimentés contre le romantisme de l’action protestataire.
Morja évoque deux Espagnols qui se sont fait piéger « en débutants » : après des provocations, les policiers ont glissé des explosifs dans leurs sacs pour pouvoir les inculper. Ils passent bientôt devant le tribunal.
« Les révolutions, les protestations de grande ampleur incitent parfois des anarchistes fougueux à venir “ pour en être ”. Or ça ne s’organise pas au hasard. »
Eux préparent leurs voyages des semaines à l’avance, en discutant avec des Grecs de l’étranger qui les mettent en contact avec des militants locaux. »
Source: http://www.rue89.com/2012/02/14/la-grece-en-crise-terrain-de-jeu-pour-anarco-touristes-229361
Récit de voyage:
« En moins de 24 heures arrivés à Thessalonique, nous voilà déjà acclimatés à l’atmosphère de misère mêlée à celle de toutes les tensions sociales désormais propres à la Grèce. Nous arrivons dans une période « particulièrement calme »… »
« …Censés être accueillis dans un squat anarchiste et ancienne usine de vêtements, ce dernier a été attaqué de manière exceptionnelle par des groupes de hools. À savoir que depuis récemment, les camarades investissent le milieu populaire du football pour déployer des banderoles à messages politiques et révolutionnaires, contre le gouvernement, l’État, la répression, etc. De fait la célèbre « légion » antifa de l’équipe de St Pauli se trouve confrontée à de nouveaux groupes ultras en phase de politisation, et de par l’intervention des camarades de nouvelles tensions et possibilités surgissent. Toujours est-il que nous voilà redirigés vers le squat de « l’école de l’apprentissage des libertés », école libertaire autogérée… »
« …Un autre lieu de résistance influent à Thessalonique, l’usine occupée « Ethernet », animée par des groupes anarchistes actifs locaux, existe depuis huit ans. Structures gigantesques de vieille usine de vêtements d’environ 35’000 m², le lieu peine actuellement à trouver de nouvelles dynamiques impulsives, ayant pourtant développé de nombreuses structures autogestionnaires et populaires : 10’000 m² d’installations de pistes de skating, plusieurs salles de concert, des salles de sport et musculation, d’escalade, de danse, une salle informatique et internet, un bar, plusieurs salles de projection et lieux collectifs pour diverses assemblées décisionnelles, des salles de performances et spectacles traitant essentiellement de l’histoire des luttes. Le lieu sert également de point de départ, de jonction et d’arrivée sécurisée (contre la police) pour diverses manifestations initiées par des groupes radicaux et anarchistes révolutionnaires… »
« …Violence sociale ordinaire où si nous n’avons pas les armes pour attaquer le premier supermarché où leur offrir toute nourriture abondante ni butin caché de banque pillée, nous n’avons qu’à nous restreindre au strict silence vaincu. Au moment même où la nouvelle se répand dans tout Thessalonique que les chiens errants affamés et mourants commencent à attaquer et tuer les chats pour étancher leur faim, dans la crainte immédiate de possibles attaques sur des enfants, des enfants errent également, égarés entre la faim et l’abandon, la violence et la nuit. »
http://juralib.noblogs.org/2012/01/24/chroniques-du-present-en-devenir-grece-janvier-2012/